Peintures

La croix triomphale de la cathédrale de Nevers

Étude et conservation de la croix triomphale en bois polychromé
La conservation de l'oeuvre suite à une chute accidentelle a permis de réaliser également une étude complète. Les analyses radiométriques et dendrochronologiques de la statue et de la croix ont établi qu'elles datent de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle.


La grande croix en bois polychrome conservée dans la cathédrale Saint-Cyr et Sainte-Julitte de Nevers est constituée d’un support en chêne et d’un Christ à taille réelle en noyer.

En juillet 1944 au cours du bombardement qui ravagea la cathédrale la croix triomphale a été gravement endommagée. A la fin des travaux de reconstruction du chœur, l’œuvre a été restaurée et exposée sur une croix moderne devant le chœur. La sculpture a subi une nouvelle chute en 2015. En tombant le bras droit s’est désolidarisé du corps de la statue, de nombreux bouchages en plâtre se sont détachés et des fissures sont apparues sur les carnations du thorax. La conservation de l’œuvre a été précédée d’une phase d’étude technique. Des analyses micro-stratigraphique, taxonomiques, radiométriques et la dendrochronologie de la croix ont pu être réalisées. Ceci a permis de recueillir de nouvelles données et de préciser la datation de la sculpture et de la croix.

 

La dendrochronologie de la croix de Nevers, grâce au cerne daté 1122, anticipe la création de la croix triomphale en la situant après 1150. Cette nouvelle donnée et la comparaison avec les datations au C14 placent l’élaboration de l’œuvre dans le dernier quart du XIIe siècle, ou autour de l’année 1200, tout en confirmant la contemporanéité de la croix avec la sculpture. 

La qualité de la croix triomphale de Nevers est mise encore plus en relief par cette datation qui témoigne de la richesse des apports formels en Bourgogne au XIIe siècle. 

Les formes classiques des plis du périzonium, le naturalisme de l’anatomie et du visage dépendent des chantiers de sculpture des grandes cathédrales de la deuxième moitié du XIIe siècle. Ces innovations coexistent avec une figure de Christ dans une attitude qui suit les principes de sa représentation appliqués depuis le Xe siècle. 

La technique de la mise en œuvre de la sculpture est un exemple précoce des pratiques que l’on observe couramment au XIIIe et au XIVe siècles. La cavité arrière est profonde et taillée librement à la gouge et non plus à la doloire ou à l’herminette. La polychromie, quant à elle, se caractérise par l’emploi du noir d’os et du bleu azurite avec une huile siccative comme liant. Ce dernier pigment sera plus utilisé aux siècles suivants avec cependant un liant aqueux qui confère une tonalité plus claire.